23 mars 2006

BERLINER



Fera-t-il très froid ? Du hublot je vois d'abord du blanc sur les champs, puis une rivière entièrement gelée : les anneaux de ce serpent blanc qui s'épanouit en panache, dans un petit lac...

Oui, il fait froid, mais un froid sec, pur, qui ne pince pas, ne pénètre pas. Il y a surtout... la lumière ! en arrivant... puissante, blanche, égale. Sans violence. Vraie surprise. J'attends un moment avant de prendre le taxi, rien que pour m'y baigner.

Je loge à Görli, quartier populaire à la jonction de l'ex-Ouest et de l'ex-Est. Un grand parc rectangulaire, sans grille aux entrées, encore enneigé par places. La Görlitzer Strasse n'est pas la plus large ni la plus longue des rues de Berlin, mais le trottoir fait bien dix mètres de large, de grands arbres jalonnent les deux côtés de la rue. Espace. Il y a quelque chose avec les femmes, pendant que j'attends ici mon hôte, leur présence, la présence des enfants avec elles. Comme une liberté de mouvement, et le regard, direct, curieux. Le sourire, très facile.

Un peu plus tard, j'achète du poisson à la femme la plus douce de la terre : thon pêché du matin dirais-tu, émincé de saumon fumé bien coloré et bien luisant, petites salades fraîches... Au marché couvert, derrière l'église. Renate et son mari, en allemand que je ne parle pas, s'enquièrent de mon pays d'origine, m'invitent à aller visiter Potsdam, tiennent à me faire comprendre, longuement, ce qui s'est passé ici : "nur ein Generation", cela fait seulement une génération...