27 mars 2006

LE BAIN

Après-midi à la piscine, dans un quartier mignon, familial de Berlin ouest, à Lankwitz. Au sauna on est nu, et cette habitude est une première aisance, qui va de soi. Hommes, femmes, sans attitude, très simplement.

Mieux qu'un sauna j'essaie le Bio Bad, comme un sauna mais à seulement 50°, avec un taux d'humidité normal. L'action des essences aromatiques est parfaite. Elles ouvrent les voies aériennes, les pansent, et de même la peau qu'elles apaisant, lavent, hydratent. Un parfum de pinède. Je m'endors par moments et rêve, conduit d'une gamme à l'autre de mes sentiments par la thérapie des couleurs, invention magique. Deux séries de quatre spots, dont je ne comprends pas tout de suite la fonction. Un beau jaune intense, orangé, éclaire le sauna quand je m'y installe. Après quelques minutes, lui succède un rouge... Tout à l'heure, ce sera un vert de forêt, plus intime, plus musical. Enfin, un bleu de nuit d'été... La succession de ces lumières restaure l'âme...


Envie de nager ensuite. La piscine est grande, ou elle serait grande en France, ici je pense que c'est une petite. Personne ne se gêne dans l'eau, comme partout où je vais dans cette ville : les choses ont été faites pour que chacun ait de l'espace, son espace. C'était d'ailleurs la première chose qui m'était venue en arrivant, traversant cette ville sans limites, ses artères aérées : qu'ils avaient pris tout l'espace dont ils avaient besoin... Comme au sauna, les gens ne se dévisagent pas, c'est un peu difficile à expliquer, il n'y a pas d'eye contact. Manque de curiosité ? Non... J'imagine que les piscines sont, ici aussi, des lieux de séduction, de rencontre. Cette apparente indifférence a une autre raison, c'est très simple en fait. Ils sont vraiment à l'aise avec leur corps, du coup ils n'ont pas tellement besoin de se regarder, de s'observer. Cette aisance me gagne, et c'est très naturellement que je les rejoins. Il y a dans leur manière de nager sans forcer, de jouer, une tranquillité, une absence d'agressivité... Ce sont des familles qui viennent là, des gosses. Tout le monde en fait, pas une catégorie en particulier, il n'y a pas d'athlétisme. C'est le bain... et dans ce bassin délicieusement propre, tempéré, ouvert sur les bosquets lumineux au dehors, je retrouve cette chose essentielle, le respect de l'animal... oui, un profond respect de l'animal en nous, de ses rythmes, de ses besoins, et de son plaisir naturel à être...