11 avril 2006

THE LOVE


J’ai besoin de me poser avec l’ordi, pour écrire, pour envoyer mes posts. A Berlin, le réseau wi-fi était partout, souvent gratuit. Ici, il n’y a rien. J’hésite à retourner au King’s Arms, je crains de tourner en rond, de m’enfermer. Quel idiot. Le King’s m’envoie partout, c’est la base ! Le centre de la rose… Lieu miraculeux, lieu magique. Bien sûr qu’il fallait aller là, comme entre dix personnes il faut aller vers celle dont on est amoureux… et qui apparemment nous aime aussi. D’abord j’y trouve la connexion Internet, payante, d’accord, mais c’est déjà miraculeux. Second miracle, alors qu’il fait beau, qu’on m’apporte un café, que je suis là, chez moi, loin de chez moi, viennent s’asseoir à la table en face de moi deux des étudiants d’hier soir, les deux qui m’avaient tellement ému…


Le premier, celui qui est au fond, me touche par sa ressemblance avec un amour ancien. Je ne suis pas étonné d’apprendre qu’il est à Merton College, un des plus mythiques. Je le connais, ce paysan au pas rapide, sa puissance concentrée de bœuf court, sa séduction dans un groupe où son intelligence, sa rapidité, une sorte d’aval qui indique l’ambition élèvent une conversation d’étudiants à l’intensité d’une messe… Il est avec le gars dont j’avais pensé hier qu’il l’aimait, parce qu’il était à côté de lui dans ce cercle de sept ou huit, ce gars qui est physiquement son contraire et qui portait sur son visage un peu douloureux, dans son isolement parmi les autres, sa distinction, sa consommation de cigarettes, l’air d’être amoureux… L’est-il ? Je crois. En est-il conscient ? Probable. Ils boivent des Guinness, le paysan de Merton ne fume pas, son ami fume peu… Ce moment a une valeur pour l’un et pour l’autre. Ce livre qu’il veut lui faire lire compte beaucoup pour lui. Déjà, son ami lui a fait écouter des disques dont le son le bouleversera à vie…


En revenant, je passe par Museum Rd., petite voie piétonne qui serpente au flanc de Keble College, ce dinosaure rouge. Et je me souviens être passé là… Ce serait drôle, si on pouvait juxtaposer les deux films… Moi passant maintenant, et lui passant alors… lui qui est moi…