17 mai 2006

A DAY IN OXFORD (2)

Et maintenant samedi soir. Leur manière de se lâcher, étudiants + touristes… brutale, grossière, comme ailleurs, plus qu'ailleurs. Seule manière de faire pour moi, prendre le contrepied. Ou dormir très tôt et très longtemps, ou aller jusqu’au Zodiac à Cowley, pour entrer de nouveau dans mon roman. Je ne sais plus si j'ai parlé de Cowley ici, commune très modeste à la bordure d'Oxford. C'est là que je situe l'adolescence d'Andy et Magnus. Un rond-point, un bouquet d'arbres beau et poignant sorti d'un album d'aquarelles victoriennes, et on change de monde.


Pourquoi ce blog ? Pour partager l’impartageable… Pour rendre aux autres une partie de ce plaisir énorme que je prends…

Samedi soir. On met son tee-shirt préféré, sa jupe la plus sexy… Passé une heure du matin, on voit toutes sortes de choses par terre, de petits filtres blancs pour cigarettes à rouler dans leur étui de plastique, une brosse à cheveux… Take On Me, je danse, Cemetry Gates, je danse. Heureusement Magnus refuse de programmer Ghostbusters et Eye Of The Tiger, comme ils font dans les autres soirées eighties. Mais il cède Girls Just Want To Have Fun… Ces soirées revival, il les a créées pour sa fille dont je dessine le portrait mentalement, mémorisant son naturel, sa sensualité, son rythme, sa coiffure, la forme de ses chaussures... Je l'invente en même temps que je la regarde... Je suis en train d'apprendre un métier, je n'en prendrai pleinement conscience qu'à Rome. Romancier... Cependant le froid des murs, dans cette salle de concerts-boîte mythique, si intéressante ce soir parce que ne sont venus que les gosses du quartier, l'humidité qui environne leur défoulement un peu malade…


Rencontre de Dave, bassiste, qui a enregistré pour Six Toes, un groupe dans le style de Jeff Buckley. Gars magique, vingt-quatre ans peut-être, la gueule et l'intelligence de Gainsbourg, la carrure du yéti, trois rangs de piercings entre le nez et le front, doux, pauvre, supérieur. Son amie travaille en extra au bar. D'habitude ils sont à Londres ou à Cambridge, où la scène musicale est beaucoup plus riche aujourd'hui me dit-il. Parce que je suis français sans doute, il a besoin de me raconter le 11 septembre vécu par eux à Paris, quartier Bastille, et j’y suis avec lui, comme un nuage de plomb sur le monde.

Retour à quatre heures du matin, qui me vaudra une fatigue terrible, de l’asthme, à cause d'eux, parce que j'ai bu et ne dors pas, une transition catastrophique à l’aéroport demain…