29 avril 2006

PETER PARLE

« C’est incroyable les progrès que ton père a fait sur les dernières chansons. Tu as remarqué ? Il a débarrassé sa voix de tout ce qu’elle avait d’arrogant, de clinquant… C’est comme s’il chantait à partir de lui-même, pas à partir de la musique, comme avant… »

Elle est folle ou quoi, Nadège ? Elle pense vraiment que j’écoute les chansons de Ian ? D’abord, il aurait fallu qu’un de ces gros nazes me propose d’écouter, et ils s’y sont pas risqués. Ou ils en ont rien à battre de mon opinion. Ça tombe bien, pour ce que j’ai à leur dire.

Hmm… Il faut pas non plus que je raconte trop d’histoires. D’accord, j’ai un peu entendu leurs maquettes le jour où Magnus nous a donné les lecteurs mp3. Il y avait deux morceaux dans la compil. Il y a de belles harmonies… Mais ils ont pas l’air de bosser des masses, à part Andy qui bidouille des samples sur son ordi tout l’après-midi, le casque sur les oreilles. Et j’ai entendu le single, bien obligé, ça passe sur toutes les radios. Absolution. Il y a eu une fois où j’ai pas zappé. Mais ça me fait quoi, la voix de mon père qui pleure sur les guitares d’Andy ? Oui, j’ai remarqué que dans cette chanson, il dit vingt-sept fois « I'm beggin you for merci » (j’implore ta clémence), ça s’adresse à qui ? Quand même pas à ma mère, ce serait trop psycho…
 
« I’m beggin’ you for mercy
‘Cause dawn is falling
O-over me
And your sun is rising
Forever ado-o-ring »
    
Tu parles d’une daube ! Mais c’est la première fois qu’Andy écrit des textes qui parlent de Ian, et non de lui-même. Pendant quinze ans, Ian a été le perroquet d’Andy et tout le monde était content. Mais bon dieu, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Leur histoire est complètement tordue de toute façon. Ce que je pige pas, c’est que ce soit Nadège qui m’implique là-dedans. J’ai tellement gueulé que je crois qu’elle a compris, elle est pas près de m’en reparler.


© Frédéric Le Roux
photos : www.apple.com, www.depechemode.com