10 mai 2006

SANTA MARIA IN TRASTEVERE

Vous tous, mes chis si proches de moi, et toi qui me lis à Champigny, et toi à Cergy, vous ai-je donc manqué ? Dix jours sans Internet, sans téléphone ni courriers, mais vous étiez si présents dans mon coeur ! Ne vous parlerai-je donc jamais que de ça ? L'existence des êtres dans notre coeur, comme si rien d'autre n'avait le moindre sens...

J'étais là :


Je vous livre cette fois une photo qui demande à être agrandie, regardée dans ses détails. En écoutant peut-être de belles ballades de Joan Baez, mais ce n'est pas absolument nécessaire. En buvant un verre de Jägermeister, mais vous pouvez préférer le bon vin, ou même la bière... quelque chose de doux, que vous aimez... J'étais là tous les soirs, mais je n'ai pris que trois photos. J'aurais pu vous montrer beaucoup plus en me servant du petit pied acheté le dernier jour pour 8 euros près du Château Saint-Ange. Mais j'étais heureux, je ne voulais pas d'objets, de mécanique, de technique. Cependant je travaillais, puisque j'étais seul, les regardant, fournissant cet effort délicat de mémoriser un habillement, une expression, une conjonction de sentiments entre deux, trois, cinq êtres humains...

A partir de minuit et jusque vers trois heures du matin, un courant d'amour passe ici, unique. Au centre de cette place, vous ne le voyez pas sur la photo, est une grande fontaine où je suis assis. Derrière moi la présence parfaite, qui harmonise, de l'église. Je vous la montrerai demain. Sur les marches de la fontaine, une soixantaine de personnes peut-être, jeunes pour la plupart bien sûr, et c'est le point troublant. Il y a une barrière sur ces photos... Un garçon peint l'église à l'aquarelle, c'est un exercice pour son école. Un autre joue de la guitare et une fille lui demande de le faire en italien. Il préfère Bob Marley et il insiste, pour mon plus grand plaisir, "no woman no cry..." Mais il finit par donner à Carlotta ce qu'elle désire, et dix personnes chantent avec eux... Je regarde leur jeunesse et je sais la mienne. Je ne cherche pas à les rejoindre, je suis avec eux, séparé d'eux, mais c'est moi, c'est nous que je vois et comprends...



J'aimerais être avec eux ce soir, vivre encore ce moment pur, pacifié... mais je ne souffre pas d'être seul, chez moi, car je garde en mémoire le geste de Claudio, comment vous dire cela ? Je ne voulais pas me mêler de leur vie... Beaucoup d'entre eux étaient beaux selon moi, c'est-à-dire vivants, je ne les désirais pas... Je n'avais rien à leur donner, si peu... Se parler, je leur laissais cela. Et puis lui m'a fait un cadeau. Ce n'est pas ce que vous imaginez petits obsédés, ce n'est pas quelque chose de sexuel. C'est comme donner à manger à quelqu'un qui a faim. Mon visage photographié par Christophe, le lendemain.