13 mai 2006

TU MARCHERAS JUSQU'À CE QU'ON TE DISE D'ARRETER !

– Ce que tu nous a fait cette semaine, c'est très très mauvais. Tu en es conscient ?
– J'avais une angine.
– Que tu soignes en sortant jusqu'à quatre heures du matin...
– Tu peux parler, tu passes tes nuits au Fritz à te faire enculer ! Tu es venu deux heures au studio !
– C'est pas moi le chanteur, je n'ai pas besoin d'être au studio. Moi j'ai fait ma part. Quoi ? Elles sont pas claires mes partitions ? Vous avez toutes les indications qu'il vous faut. Et puis tu chantes moins bien quand je suis là, ma présence te perturbe... Bon, quoi qu'il en soit ce que vous avez fait, c'est de la merde en barre, il faut tout recommencer. C'est vrai que tu es salement enrhumé, tu veux un mouchoir ?
– Ouais... Il est nul ce paquet de mouchoirs.
– Mais non, tu t'y prends mal. Regarde, ça fait une petite valisette, tu l'ouvres par le côté... voilà, délicat...
– T’écouter, te répondre… j’ai l’impression d’être chez le dentiste, c’est atroce ! Je suis la dent et tu es la roulette ! C’est un calvaire… un calvaire de bosser avec toi…
– OK, ça suffit. Plus un mot.
– Quoi, plus un mot ? Quoi, plus un mot ?
– Ça suffit je te dis. Va faire un tour. Va te bourrer avec tes copains, ta copine. Fais ce que tu veux… On arrête. On arrête pour deux jours.
– Et… Et tu crois que ça va changer quelque chose ?
– On a un disque à finir. Il y a beaucoup d’argent en jeu. Il y a nos familles, il y a le studio, il y a des tas de gens qui comptent sur nous. On fait une pause, on se calme, on reprend ses esprits. Et on remet ça.
– Et on remet ça ? Mais tu rêves ! Si je me casse, c’est fini, tu ne me revois pas ! Une pause, mais c’est quoi cette charité à deux balles ? Tu peux te la garder ta pause à la con, je ne marche pas !
– Tu marcheras jusqu’à ce qu’on te dise d’arrêter.
– C’est mon dernier album ! Mon dernier album avec toi !
– Oui, peut-être. Peut-être bien. Le dernier album…


© Frédéric Le Roux, 2006