21 décembre 2011

IAN = DAVE GAHAN

      
    
Conscient de son image, de son pouvoir de séduction, et en même temps secret, tellement doux et discret quand il vous recevait chez lui, dans l’intimité… Doutant bien sûr énormément de lui-même comme artiste… C’est peut-être pour toutes ces raisons que sa présence en scène est exceptionnelle. Sa voix, évidemment, c’est le cœur. Mais dès qu’il est en représentation, Ian prend possession de tout, de la musique, du public, de l’espace… C’est le phénomène le plus étonnant, pour moi, la manière dont il s’empare de l’espace autour de lui, dont il le crée. Pas seulement parce qu’il danse, on ne peut pas vraiment dire qu’il danse. Il donne vie à la musique par son corps, la liberté totale de son mouvement. Il y a ce mélange unique de virilité et de féminité, la grâce indiscutable, l’absence totale d’économie… Mais qu’il danse ou qu’il demeure, le temps d’une chanson hypnotique, immobile devant son micro, chacun se trouve pris dans son aura, au point de se sentir physiquement connecté à lui… 
   
  
Derrière lui Andy s’efface, il a l’air seul avec sa guitare, l’air d’un simple accompagnateur. Moi à la batterie, c’est pas difficile, avec mon débardeur sur mes épaules de gorille, je suis le mec sympa, rassurant. Mais Ian, lui, se met en danger chaque soir. Il s’expose, il libère quelque chose, qui touche à l’enfance, à l’animal… Chaque prestation scénique est pour lui un dépassement de soi : une victoire sur lui-même, et une métamorphose. 
  
Une attitude qu’il a toujours gardée, le côté provocateur et accessible de son personnage : les gestes qui, sur scène, démentent une image trop glamour, ou trop facilement sombre. La manière dont il remonte ses parties génitales par exemple, avec le sourire moitié honteux, moitié jubilant du gosse qui franchit la limite, ou de tourner le dos au public pour remuer langoureusement les fesses. Ce sont des clins d’œil qui le rendent tellement attachant pour les gens, parce qu’ils sentent la timidité derrière, les mêmes complexes en lui et en nous. Même si le truc, c’est qu’il a effectivement un très joli cul, et qu’il sait le remuer…
    
      
© Frédéric Le Roux, 2011